Lac Baïkal, Irkoutsk et une claque dans la gueule

Mercredi 25 Octobre

Nous voilà arrivés à Irkoutsk, frais comme des agneaux puants comme des putois ! Petite parenthèse: ça suffit d’entretenir le mythe du voyageur beau et propre en toutes circonstances ! Oui, après 48h de train, on est crade et on aimerait bien prendre une douche et se changer mais ce n’est que partie remise.

En arrivant dans la ville, on ne savait pas encore où on allait dormir et on se laissait un peu de temps pour se décider. Ici, les visages ont clairement changé. Le type mongol est clairement plus présent.

Ayant abandonné notre projet d’aller sur l’île Olkhon pour des questions de temps (il faut bien 6/7h de route pour y aller et autant pour revenir), il nous fallait un autre plan. J’avais repéré la ville de Listvyanka sur le bord du lac et on décide donc d’y aller.

Mais d’abord, on passera un peu de temps dans la ville… Alors, on va le dire tout de suite pour ne pas perdre de temps : la ville n’est absolument pas charmante. On retrouve quelques maisons traditionnelles en bois ici et là, mais concrètement, ça ne fait pas le charme d’une ville. Sur notre passage, on a vu très peu de cafés ou restos. Beaucoup de bâtiments peu avenants. Des rues et trottoirs assez mal entretenus. Bref, on décide que finalement, on ne dormira pas ici.

On se dirige donc vers la gare de bus pour acheter des billets pour Listvyanka. Départ dans 10 minutes, génial !

On approche du lac et effectivement, on a l’impression d’être en face de la mer puisque l’on ne voit pas les autres rives. Minute culture : ce lac représente à lui seul 20 % des réserves d’eau douce au monde, ce qui équivaut à plus que les cinq plus grands lacs nord-américains réunis. Géologiquement parlant, le lac correspond à une fissure dans la plaque tectonique eurasienne, ce qui finira par créer un nouvel océan d’ici un petit paquet de millions d’années.

On se balade. On a faim et je veux manger le poisson local, l’omoul. Délicieusement fumé, sa chair a un léger goût de saumon mais elle reste blanche. Miam !

On réserve notre hôtel pour la nuit, et on le rejoint tranquillement à pied. On profite alors d’une bonne douche pour enfiler des vêtements propres ! Quel plaisir !

On sortira en ville un peu plus tard pour explorer le côté “village” de Listvyanka puis s’arrêter boire un verre de bière puis rentrer dormir.

Jeudi 26 Octobre

Ce cadre assez idyllique me donne envie de voir le soleil se lever sur le lac et on décide donc de se lever tôt, 6h30. On est dehors vers 7h20 puis en marchant je me rend compte qu’en fait, vu notre emplacement, on ne pourra pas voir le lever du soleil puisqu’il est caché par les montagnes. Voilà ce qui arrive quand on laisse des citadins explorer la nature, ça tourne au fiasco ! Bref, je retiendrai pour la prochaine fois qu’il faut vérifier notre orientation si je veux voir un lever de soleil !

De retour à Irkoutsk, on se balade un peu mais le sentiment est toujours le même. Pas charmant et impossible de se trouver un café sympa pour attendre le train quelques heures plus tard.

On sera interpellé par un jeune qui cherchait une adresse… d’abri pour les sans-abris. On s’attendait tout sauf à ça ! En France, on saurait quoi faire mais ici, on n’a aucune idée. Heureusement, on avait une connexion 3G sur nos téléphones pour pouvoir faire des recherches. Et malheureusement les informations sont assez peu nombreuses et il est fort probable que faire des recherches en anglais ne soient pas idéal non plus. Je lui demande naïvement s’il ne pense pas que cela soit mieux d’aller chercher de l’aide à la gare. Il me répond que ce n’est pas la meilleure des idées et sous-entend qu’il se fera sûrement chasser si ce n’est pas battre. Je me rappelle alors de l’anecdote avec le sans-abris à la gare de Kazan, et effectivement je comprends que mon idée était une idée à la con ! On cogite, on cogite ! Et Antoine pense brillamment à la Croix-Rouge, normalement ils sont partout. Banco, Antoine trouve une adresse en ville et la lui donne. Avant de partir, on lui propose une bonne partie de nos provisions.

Cette anecdote m’a quand même chamboulée et j’y penserai longuement. Depuis notre arrivée en Russie, on est effectivement confronté à plus de pauvreté qu’en France, avec également des problèmes d’alcoolisme, surtout à Moscou. Par contre, on ne verra pas beaucoup de mendicité, sauf aux abords des églises. Ce jeune homme parlait bien anglais, de quoi casser aussi beaucoup de préjugés que certains ont sur les sans-abris en les pensant non-instruits ou idiots. Il y a malheureusement une multitude de raisons pour lesquelles des personnes se retrouvent à la rue. J’espère sincèrement que ce jeune homme trouvera l’aide dont il a besoin dans ce centre.