Aujourd’hui, je me qualifie comme une personne sensible à l’écologie, et généralement plutôt bien au fait des différentes problématiques qui lui sont rattachées, mais force est de constater que la déforestation en Malaisie ou en Indonésie, bah non j’en avais jamais entendu parler.
La déforestation de l’Amazonie, ça oui, on en parle mais les raisons tournent essentiellement autour de l’exploitation animale, tandis qu’en Malaisie, on déforeste pour replanter de la palmeraie pour en faire de la fameuse huile de palme dont tout le monde parle mais dont l’origine reste souvent inconnue…
Comme évoqué dans l’article précédent, la route entre Taman Negara et Cameron Highlands a été une belle claque pour prendre conscience de l’ampleur de la catastrophe. La dimension écologique est régulièrement présente dans nos voyages et nous fait souvent prendre beaucoup de recul !

La seconde claque c’était notre tour organisé pour aller voir la rafflesia. J’avais écumé les blogs qui parlait de la rafflesia et absolument aucun d’entre eux n’évoque la déforestation. Rien, que dalle, nada.
Les gens réservent leur place dans un tour organisé. Ils marchent et voient enfin la rafflesia. Ils sont contents, ils prennent une photo et hop, retour au bercail. Mais moi, vous me connaissez, je ne sais pas mettre des œillères.
Il faut tout d’abord nous conduire au lieu de pousse de la rafflesia, un peu plus bas en altitude puisque c’est une plante qui préfère la chaleur et la forte humidité. Elle a aussi la particularité de préférer les lieux non touchés par l’homme.
On débarque de notre 4×4 et premier constat, il y a des fermes partout autour. Notre guide nous explique que cette partie de la forêt n’est pas protégée et que les exploitants s’installent pour profiter du climat uniquement et de l’espace. Ici, on cultive fruits et légumes en pots car la terre n’est pas assez fertile pour ce genre de plantation. Ah.
Et comme le sultan de Malaisie est tout aussi corrompu que nos politiciens chez nous, bah il faut pas s’attendre à ce qu’il fasse quoique ce soit non plus surtout quand il touche des pots de vin ici et là.
Notre marche à travers la jungle commence. Le guide nous a prévenu, la première partie de la balade n’est pas franchement belle. Ici, les exploitants des environs ont tout rasé pour replanter du bambou, qui n’est absolument pas originaire de la zone. La biodiversité, elle a fini au fond des chiottes. Bon, on y a bien vu une super grosse araignée mais il faut pas s’attendre à voir plus que des insectes. Les forêts de bambou, c’est joli mais les mammifères comme les singes n’aiment pas parce qu’il n’y a pas de branches pour s’accrocher. Et pas beaucoup d’oiseaux non plus. La forêt est assez silencieuse.
Les tuyaux en provenance de la rivière sont omniprésents et sont censés acheminer l’eau vers les dites plantations. Ce qu’on peut en dire c’est que ça fuit beaucoup ! Notre guide essaie parfois de placer un rocher histoire de contenir la fuite. Sûrement par désespoir plus qu’autre chose.
On entame ensuite la deuxième partie de la balade, cette fois dans la vraie jungle originelle. Contrairement à nos balades à Taman Negara ou Cameron Highlands, ici, il n’y a pas de chemin balisé et il n’est pas rare d’avoir besoin de s’accrocher aux branches pour se hisser plus haut.
Bref, on y est presque. Dernier effort, ça glisse énormément. Antoine me tire et me voilà pas loin de cette fameuse fleur. Ici, pas d’odeurs de cadavre en décomposition, mais il parait que celle de Bornéo est odorante.
J’ai la banane comme on peut le voir sur nos photos. Et oui, je me sens très heureuse et privilégiée de pouvoir voir cette fleur extraordinaire de mes propres yeux.
La descente est casse-gueule. Je préfère me mettre sur les fesses et me laisser glisser. Au moins, pas de risque de chute ! La dernière fois que j’avais fait ça c’était en Mongolie pour descendre d’un volcan !
Sur le retour, on fait un stop obligatoire au village des Orang Asli, qui vivaient originellement dans la jungle et qui s’en sont fait déloger. Sans grande surprise, on s’est retrouvé plutôt mal à l’aise dans le village… Peut-être pas la pire visite de minorité ethnique, mais quand même on en ressort avec pas mal de peine pour ces gens qui sont marginalisés et qu’on empêche de vivre tel qu’ils le souhaitent. Encore un point noir pour le gouvernement malaisien et sa gestion pitoyable de la jungle.
En bref, aller voir la rafflesia c’est aussi être témoin de la déforestation et c’est aussi dire au gouvernement que nous sommes intéressés par cette nature folle et luxuriante ! Le vote par le porte-monnaie est une carte dans nos mains. Il n’est pas trop tard, et il est encore possible de protéger ce qu’il reste !