La question du chauffage en Mongolie

Oulaan-Baator détient le triste record d’être la deuxième ville la plus polluée au monde. Pour certaines zones les plus polluées, l’indice de particules fines atteint les 2500. À savoir que l’OMS considère que 300 est déjà un niveau à risque. Cette pollution est due à 92% à la fumée des poêles des quartiers à yourtes.

Ces quartiers sont habités par d’anciens nomades qui vivent dans une précarité assez importante puisqu’ils ont souvent dû déménager en ville à la suite de perte de leur troupeau. Entre 2000 et 2002, le pays a souffert d’hiver très durs qui ont causé la mort de 11 millions de bêtes. En 2010, 8 millions d’animaux sont morts. Et le rythme n’est pas prêt de ralentir, la faute entre autre au dérèglement climatique que certains idiots-demeurés-débiles-abrutis-gros-cons- complètement-à-côté-de-la-plaque tentent encore de nier mais aussi à cause du capitalisme effréné (mais on en parlera plus tard).

En perdant leur troupeau, ces anciens nomades s’installent en périphérie de la ville dans leur yourte et utilisent du charbon pour se chauffer le plus souvent mais ils utilisent aussi ce qu’ils leur passent sous la main quand il n’y a plus de charbon. Du coup, le pneu peut également y passer.

On comprend alors l’odeur abominable dans la ville… Pourtant on ne s’est même pas aventuré dans ces quartiers mais il est déjà possible de la sentir en centre-ville ! En fin de journée, quand on rentre dans notre hôtel, on se sent tous les deux encombrés des poumons. Dans mon cas, la respiration me fait parfois mal et j’ai mon asthme qui revient.

Le soir, à UB il est clairement possible de voir le brouillard de pollution. D’ailleurs, les lumières ont toutes de drôles d’halos à cause de ça. Certains hauts immeubles deviennent presque invisibles et ce n’est que grâce à quelques-unes de leurs lumières qu’on les devine dans cette drôle de pénombre ! Le pic de pollution arrive en décembre et janvier.

Autre point important lié à la migration de ces nomades et non des moindres, il faut aussi savoir qu’ils souffrent d’un alcoolisme assez galopant. Déménager en ville est un choix contraint. Trouver un nouvel emploi est loin d’être facile, voire souvent impossible. Ils sont alors réduits à la misère et la pauvreté. La déprime arrive très vite, et l’alcoolisme de même.

Pour résoudre le problème de pollution, le gouvernement devrait investir dans la construction d’immeubles, qui eux seraient équipés de chauffage centralisé, mais il ne le fait pas ou peu. C’est une énorme dette technique qui n’est pas prête d’être résolue…

Dans notre balade au parc Terelj, nous avons pu apercevoir de nombreux immeubles en ruine, parfois à moitié finis, mais aussi des maisons individuelles. Tous vides, bien évidemment. Notre guide nous confia que ces maisons étaient très chères pour eux. Effectivement, $100 000 pour une maison dans un lotissement au milieu de nul part, même pour nous c’est très cher !

Par ailleurs, les autres villes de Mongolie souffrent aussi d’un problème similaire. La pollution n’atteint pas le record d’UB mais c’est surtout une affaire de nombre d’habitants. À chaque arrivée dans une ville, Mörön par exemple, il est possible de voir un léger brouillard de pollution.

Tout comme en Russie, le chauffage cache de nombreuses autres problèmes. Ici, la problématique est extrêmement complexe car elle inclut aussi des problèmes environnementaux mais aussi sociaux.

Il ne faut pas oublier les conséquences de ces choix politiques, surtout en matière de santé publique avec le développement de nombreuses maladies respiratoires.

Bref, c’est une sacré cascade de problèmes. Et mon petit doigt me dit que ni l’état mongol ni la COP21 (et toutes celles qui suivront) n’y feront grand chose malheureusement.