Kakao, entre capitalisme et mal-être des kidults

Les boutiques de petites conneries mignonnes y’en a partout mais le roi du marché c’est de loin Kakao. Pur produit marketing. Phénomène de société. Putain de saloperie capitaliste.

Kakao est partout, dans les supérettes avec quelques produits dérivés aux boutiques dédiées de plusieurs étages. Oui, plusieurs étages de conneries en plastique ou en peluches fabriqués sans grand doute en Chine par une main d’œuvre sous payée dans des conditions misérables si ce n’est pas par une main d’œuvre infantile. Des peluches et figurines de diverses tailles et formes, des accessoires téléphones, des pyjamas, des cosmétiques, des bijoux, la liste des produits vendus est longue.

Curieux que nous étions par cette drôle de folie, nous sommes rentrés dans plusieurs magasins. Le schéma est toujours le même. Parfum à chaque étage pour asperger le chaland et rentrer dans l’univers merveilleux de Kakao. D’énormes figurines des personnages avec lesquelles les clients peuvent se prendre en photo. Et bien sûr des conneries, des conneries et encore plein de conneries. Et pas vraiment bon marché, mais pas non plus hors de prix. La bonne vieille loi du marché règne pour trouver le bon équilibre pour que les entreprises continuent de se gaver, encore et encore !

La clientèle est assez jeune. On retrouve des ados mais aussi des trentenaires. On a également vu dans la rue des produits Kakao chez des personnes ayant une bonne quarantaine aussi. Mais pas plus vieux.

Et c’est là qu’on commence à rentrer dans le problème. La clientèle correspond pour la plupart à ce qu’on appelle les kidults (contraction de kid et adult, en anglais), atteinte du syndrome de Peter Pan comme on dit chez nous. Des adultes qui n’ont pas envie de grandir.

Grandir c’est devenir adulte, mais être adulte c’est souvent avoir un boulot puisqu’il faut devenir indépendant des parents et donc gagner soi-même sa croûte.

Le monde devient de plus en plus uniforme. Affirmer sa personnalité et sa créativité est difficile à bien des égards. Le monde est cruel. Diablement déprimant. Les news à la TV ne parle que de guerres et de l’autre fou furieux orange. Il est difficile d’obtenir un emploi alors il faut bien être content de ce que l’on a quand on en trouve. Pas le droit de se plaindre. Les heures de travail sont longues, très longues. La culture du travail en Corée est encore pire que celle du Japon.

Alors il faut bien avoir un refuge, un endroit réconfortant dans lequel on peut à nouveau se sentir enfant, se sentir sans soucis.

Kakao remplit ce vide. Kakao se gave et les Coréens s’appauvrissent. Kakao se gave et les Coréens retournent au boulot.

La machine Kakao est bien rodée. Elle est extrêmement efficace car nous aussi, nous étions tentés par ces objets aux couleurs douces et aux formes réconfortantes. C’est finalement Antoine qui avouera le premier avoir eu envie d’acheter une pochette d’ordinateur entre beaucoup d’autres choses. Pendant ce même temps, honteuse, je rongeais mon frein puis avoua à mon tour que moi aussi, j’avais bien envie d’acheter la moitié du magasin. Et pourtant nous sommes du genre à réfléchir à nos achats, à éviter les achats compulsifs et à bannir l’achat de conneries que l’on regrettera. On en vient à se demander ce qu’ils peuvent bien mettre dans leur parfum.

Grandir est un piège, comme dit Peter Pan et effectivement, nombreuses sont les personnes à travers le monde qui se sentent à l’étroit dans leur vie. Il suffit d’ouvrir les yeux car effectivement, nous sommes nombreux à travers le monde à ressentir la même chose. Mais grandir c’est aussi apprendre que oui, des alternatives existent et qu’il est possible de sortir du piège sans s’anesthésier le cerveau.