Fêter ses 30 ans chez les nomades mongols

Dimanche 5 Novembre

41 jours que nous sommes partis, avec la drôle d’impression d’être partis depuis longtemps et en même temps d’être partis juste hier !

Les jours défilent mais ne se ressemblent pas. On ne sait jamais vraiment ce que l’on va faire le lendemain. Je finis par en oublier mon anniversaire. Je m’en rappelle que deux jours plus tôt puis l’oublie à nouveau.

Le matin, on visite le monastère Amarbayasgalant, notre deuxième monastère mongol et bouddhiste. Il a construit entre 1727 et 1737 par les chinois. Il a été grandement épargné par les purges “communistes” de 1937, certainement grâce aux soldats compatissants. Les moines ont cependant soient été tués soit envoyés au goulag. On continue de découvrir cette religion, plutôt méconnue en occident. Tout comme au monastère d’Aryapala (dans le parc national Terelj), on trouve des icônes assez gores. Un crâne à l’envers en pâte à sel avec des yeux hors des orbites avec le nerf optique toujours présent ainsi qu’un nez et des oreilles par dessus, y’a pas à dire ça surprend pas mal.

On s’arrête à Erdenet, ville minière pour déjeuner. Pas d’option végétarienne et la seule option avec du bœuf n’est pas dispo. Tant pis, je prend un steak de mouton haché avec un œuf par dessus. Heureusement l’odeur de mouton n’est pas forte, j’arrive à finir mon assiette.

Il faut également faire quelques courses, on se dirige alors vers le marché local. On rentre dans le bâtiment… Et quelle abominable odeur !! Puis on se rend compte que ce sont des étalages de viande… Même Antoine en est incommodé ! On ressort, puis on rentre à nouveau. J’essaie de respirer uniquement par la bouche pour éviter de sentir l’odeur.

C’est marrant de voir des étals de fruits et légumes variés alors que les mongols mangent quasiment que de la viande surtout l’hiver. Entre deux étals de produits secs, je repère une petite vieille passant un coup de fil avec les mains pleines de sang séché ! En regardant autour d’elle, je vois diverses parties animales, surtout des têtes de vaches mais pas que. Ça doit être l’atelier dépeçage. J’envoie Antoine prendre une photo mais visiblement elle ne veut pas ! Elle envoie une poule morte en direction d’Antoine. Pas la peine d’insister, on ne sait pas si la prochaine fois, ça ne sera pas carrément une tête de vache qu’elle enverra !

La route continue. À nouveau, on est un peu paumés et comme les nomades bougent régulièrement, parfois 4 fois par an, à chaque saison, ce n’est pas toujours évident de les trouver surtout quand on roule de nuit. D’ailleurs, on arrivera pas à les trouver, tant pis, on dormira chez une autre famille trouvée sur la “route”. On décharge la voiture et je rentre dans la maison… Oups, encore cette odeur ! Je demande à Antoine de venir vu que c’est lui qui tient la torche. Effectivement, il y a de la bidoche accrochée au mur et aussi une tête de mouton ou de biquette posée sur l’étagère. Heureusement que cette pièce est isolée de la pièce principale.

On fait de timides présentations, on nous sert du thé au lait et des petits blocs de “fromage” sec, pas génial. Puis on dîne tranquillement. Apparemment c’est aussi l’heure de manger pour le chat de la famille qui mâchouille une vertèbre qui se trouve sous notre table.

On apprend aussi que nos hôtes sont assez riches, selon les standards du pays sûrement aussi mais ont néanmoins conservé un style de vie nomade car c’est au final ce qui les rend heureux.

Puis, Selenge sort de la pièce et revient les bras chargés d’un gâteau avec des bougies ! L’attention est vraiment adorable. Elle a aussi apporté de la vodka et du vin à base d’argousier. On trinque tous ensemble. Nos hôtes disent être heureux et chanceux d’accueillir une étrangère qui fête son anniversaire le jour même ! Il y a toujours beaucoup de sincérité avec les nomades, j’aurai une petite larme. Puis Vandan-Ochir décide de pousser la chansonnette pour moi. Deuxième larme ! Puis Selenge demande à Antoine de me chanter une chanson aussi. Après avoir hésité, il se lance et chante le début de Bohemian Rapsody de Queen, chanson qui a aussi pas mal de symbole pour nous.

Je ne suis pas prête d’oublier cet anniversaire !