En se baladant à UB, on se rend très vite compte de l’omniprésence de boutiques vendant des produits en cachemire et à des prix bien plus intéressants par rapport à ce qu’on trouve en France. Mais acheter un objet n’est pas sans conséquence sur le monde et il est important de connaître la chaîne de production et ses impacts pour décider un achat ou non.
Commençons par l’élevage. La laine de cachemire provient de mignonnes petites chèvres ! Oui, j’aime bien les chèvres et surtout c’est carrément moins débile que les moutons. Enfin bref, en explorant la campagne mongole, on est très vite confronté aux gigantesques troupeaux de mouton et chèvre. Et là surviennent déjà les premiers problèmes.

Tout d’abord, il faut savoir que la manière de se nourrir des chèvres est destructrice pour l’herbe et ne permet pas la pousse rapide d’herbes remplaçantes. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle chèvres et moutons sont mélangés dans les troupeaux histoire de compenser ce problème.
Néanmoins quand les troupeaux sont aussi grands, les animaux se font forcément concurrence au niveau de la nourriture et quand les animaux ont des difficultés à trouver à manger, c’est tout le troupeau qui est menacé. Et comme évoqué dans l’article sur la pollution à UB, les animaux ont régulièrement plus de difficultés à trouver suffisamment à manger à cause d’hiver très durs mais aussi d’été très chauds, liés aussi au réchauffement climatique. Du coup, c’est potentiellement tout le troupeau qui y passe en un ou deux hivers.
Par ailleurs, on parle aussi de surpâturage qui est également responsable de la désertification des sols et de la progression du désert de Gobi. Du coup, on tombe sur une belle boucle infinie : gros troupeau > désertification des sols > mise en concurrence des animaux > désertification des sols…
Et comme il serait bien dommage d’arrêter là, la désertification des sols entraine également des dérèglements climatiques, soit plus de sécheresses et de concurrence entre les animaux.
À présent, enchaînons sur la production même. La Mongolie est principalement exportateur de cachemire et le transforme assez peu à destination des pays étrangers. La matière première est souvent vendue à la Chine, qui elle s’occupe de la transformation. Et ceci pose problème puisque la valeur ajoutée d’un produit réside principalement dans la transformation et non le coût de la matière première. C’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle les mongols cherchent à posséder le plus de chèvres possible afin de dégager le plus de revenus possibles. De plus, la demande en cachemire a complètement explosé ces dernières années. On le voit très bien en France avec tous les supermarchés proposant du cachemire à bas prix.
Bref, c’est un sacré tas de bousier et à ce niveau là de la réflexion, acheter du cachemire est tout sauf éthique.
Néanmoins, depuis quelques années, des associations étrangères aident les éleveurs mongols à mieux gérer leur troupeau et cela passe évidemment par la diminution de la taille des troupeaux.
La Mongolie n’est effectivement pas le plus gros producteur de cachemire. La Chine représente effectivement 90% du marché, et son cachemire provient essentiellement du Nord, de la Mongolie intérieure (région de Chine, rien à voir avec la Mongolie). Cela n’empêche qu’il serait intéressant de voir la Mongolie tenter de développer un marché éthique de produits finis en cachemire à destination de l’étranger. Ainsi le pays pourrait être mieux au commande de toute la chaîne de production et permettre de meilleurs revenus à la population locale. Des principes de commerce responsable et équitable, quoi.
À UB, on a vu d’ailleurs plusieurs boutiques allant dans ce sens. Et il est très encourageant de voir que certaines personnes cherchent à developer ce genre de commerce ! En tant que touriste et en tant que personne déjà bien politiquement engagée, j’ai à cœur de soutenir ce genre d’initiative.
Par contre, de retour en France, ou ailleurs, il est évident que je n’achèterai plus de cachemire sans mettre assurée de l’éthique de l’entreprise. Fini Éric Bompard.
Des positions vegan affirmeront que de toutes manières acheter de la laine n’est pas éthique mais je voulais évidemment pousser le raisonnement également sur le terrain de l’impact environnemental et celui du commerce équitable.
Sources :
- http://mobile.lemonde.fr/planete/article/2013/09/07/comment-chevres-et-moutons-accelerent-la-desertification-de-la-mongolie_3472451_3244.html
- https://www.goodplanet.info/actualite/2013/10/01/mongolie-surpaturage-menace-les-steppes/