48 heures à bord du Transsibérien

Nous voilà partis d’Iekaterinbourg en direction d’Irkoutsk, à bord du train 02, soit le vrai transsibérien. En effet, la plupart des trains n’effectuent qu’une portion du trajet Moscou-Vladivostok.

Ayant tout juste franchi la frontière asiatique, nous nous enfonçons bientôt dans la Sibérie.

Aux abords d’Iekaterinbourg, les paysages étaient vallonnés. Montagnes de l’Oural obligent. Retour aux plaines étendues et aux immenses forêts de bouleau. Du bouleau, ça y en a. Mais aussi du sapin et autres espèces non identifiées. L’herbe desséchée est déjà givrée et brille au soleil. Les étendues d’eau sont aussi gelées. On aperçoit de nombreux villages ici et là. De temps en temps, quelqu’un qui marche. Quelques animaux. Des routes, des voitures et camions. On est loin de la folle circulation de Moscou.

Le ciel est bleu et le soleil est éblouissant. Ce paysage est hypnotisant.

La nuit tombe et c’est l’heure de dîner. On a déjà passé deux fuseaux horaires.

Des russes curieux nous invitent à manger. À peine assis que l’on reçoit thé, gâteaux, pain et kitkat ! Toujours partager sa nourriture, voilà qui semble être le credo de tous les russes que l’on rencontrera dans les trains. Alors nous aussi, on ramène quelques bricoles pour partager avec eux. On échange quelques mots. Nazar est farsi, du moins c’est ce que l’on pense comprendre. Tous les regards se portent sur nous, et tous leurs voisins nous observent. Les russes sont ravis quand on leur dit qu’on visite la Russie depuis déjà 3 semaines, mais surtout ils sont fiers d’entendre que toutes nos rencontres ont été joyeuses et plaisantes.

À nouveau quelques mots sur la politique française: est-ce que Macron est bien ? Est-ce que Le Pen est bien ? Mais alors qui est bien ? Comme notre ami Igor d’Iekaterinbourg, eux aussi ont l’impression d’être menés en bateau par les médias de leur pays et rencontrer des étrangers permet aussi d’avoir quelques avis extérieurs. Dommage que l’on puisse pas expliquer plus le contexte français.

Et c’est l’heure de se coucher. Comme à chaque fois en musique. Ludzi Na Bolicie de Gods Tower, en boucle toute la nuit.

Dans la nuit, je me réveille et visiblement Antoine a aussi perdu le sommeil. La couchette en face de nous est libre et Antoine me rejoint en bas. On discute, on boit du thé. On a de nouveau sommeil, c’est le moment de retourner à sa couchette.

Je me réveille, Antoine dort toujours. Je regarde longtemps par la fenêtre. J’ai un nouveau voisin en face de moi, il descendra un peu plus tard dans la journée.

On vit entre l’heure locale et l’heure de Moscou. On finit par être un peu déboussolés. Seuls les besoins les plus fondamentaux restent : dormir, manger, se distraire. L’heure n’a que peu d’importance.

Notre copain Nazar viendra nous rendre visite à notre emplacement. Cette fois, il nous montre des photos de Pamir et nous dit que c’est chez lui. Encore une occasion d’en apprendre plus sur le monde. Cinq minutes avant son apparition et je n’avais même pas connaissance de l’existence de cette région. En nous quittant, il sort un petit sac plastique contenant une poudre verte. Il nous dit que c’est de l’opium et s’en met plein la bouche ce qui lui donnera un drôle d’effet aux dents.

Les paysages ont changés aujourd’hui. Le sapin et autres conifères semblent plus dominants. Plus de relief également. Une chose ne change pas : le paysage est diablement hypnotisant.

On récupère de nouveaux voisins, une mère et son jeune fils. On ne verra pas beaucoup d’enfant dans le train. Et c’est à nouveau l’heure de de coucher. On arrivera à Irkoutsk à 8h18, avec 1h de retard ! Comme quoi, même les russes ne sont pas infaillibles !

Antoine était content d’être enfin arrivé à destination. Personnellement, j’aurai pu encore continuer sans aucun soucis. Je n’ai pas trouvé le platskart difficile à vivre, bien au contraire, j’ai vraiment adoré. C’est clairement l’occasion de rencontrer d’autres gens et d’échanger quelques mots. En d’autre terme, découvrir le monde.